Monet & Goyon (1917-1959)

Tout commence en 1909 quand l’igénieur Joseph Monet se lance dans la conception de moteurs d’avion avec Maurice Boullay, son camarade d’école. Après plusieurs années d’effort, leurs expériences se soldent par un échec, et les deux amis s’associent en 1913 avec Philippe Lagoutte, beau-frère de Monet, et fondent la société Monet & Lagoutte. Les trois jeunes hommes commencent alors à construire le Vélocimane, une voiturette actionnée par les mains pour les personnes aux jambes mutilées. Malheureusement, la guerre interrompt leur aventure : Maurice Boullay est tué en 1914 et Philippe Lagoutte en 1916. Joseph Monet, qui n’a pas été mobilisé, se retrouve seul. Il rencontre alors Adrien Goyon, l’héritier d’une riche famille mâconnaise, dont le fils André se destinant à une carrière industrielle, pourra diriger l’usine quand il aura terminé ses études.
Le 2 avril 1917, la firme Monet & Goyon est créée à Mâcon et reprend la production du Vélocimane. La guerre ayant fait un grand nombre de mutilés, cela permet à Monet & Goyon d’intensifier sa production. Rapidement, la gamme s’étoffe. Des vélo-fauteuils, des voiturettes motorisées et des scooters (baptisés Vélauto) voient le jour, mais surtout, la société produit ses premières motocyclettes légères.

En 1922, les amis travaillent sur une nouvelle machine, la Type Z-2HP, dotée d’un moteur Villiers anglais de 147 cm3. Présentée au salon de 1922, elle fait sensation. Les ventes s’envolent. L’année suivante elle est accompagnée d’une grande sœur de 250 cm3. En 1924, Monet & Goyon sort une version sportive des sa moto, la « ZS », avec cette fois un moteur Villiers de 175 cm3 à double échappement. Cette moto reportera de très nombreux titres : Championnat de France de vitesse (1924, 25, 26, 27), Grand Prix de France (1927, 28, 29)…
Malheureusement, en 1924, André Goyon est emporté par une pneumonie. L’entreprise tourne malgré tout à plein régime, ses motos rencontrant un très joli sucès. Pour faire face à ce surcroît d’activité, une nouvelle usine est construite entre 1925 et 1926, ce qui permet également d’étendre la gamme aux motos 4 temps à moteurs MAG suisse de 350 cm3.
En 1926, la société est à son apogée avec un chiffre record de 10 000 machines vendues. Malheureusement, le mauvais sort la frappe encore quand Joseph Monet meurt de la tuberculose. Son frère, Marcel lui succède. Sous sa direction, la firme lance de nouveaux moteurs 350 cm3 et 500 cm3 à quatre temps, toujours de marque MAG.
En 1930, forte de son succès, la firme rachète la marque Koehler-Escoffier, créée en 1912. Puis en 1931 elle lance une 350 cm3 latérale.
En 1932, la législation autorisant les bicyclettes à Moteur Auxiliaire (B.M.A.), Monet-Goyon crée un moteur de 98 cm3 performant qui va rencontrer un joli succès. Et à partir de 1935, la firme fabrique des motos pour l’armée française en 350 cm3 et 500 cm3. Mais en 1938 Marcel Monet meurt à son tour, et c’est le début du déclin pour la marque de Mâcon.

En 1946, la production est réduite aux 100 cm3 2-temps, 250 cm3 et 350 cm3 4-temps équipés d’une fourche télescopique. Rapidement, le catalogue de la marque est jugé quelque peu dépassé. Pour faire face à la déferlante des scooters, Monet-Goyon sort en 1953 un modèle à grandes roues, la « Starlett ». Elle est bien accueillie. Malheureusement, encore une fois, la commercialisation tarde et la qualité n’est pas au rendez-vous. À partir de 1954, les problèmes sérieux commencent. Le dépôt de bilan est évité, mais 99 employés sont licenciés. En 1956, la nouvelle moto « Pullman » ne suffira pas à sauver l’entreprise, qui finit par déposer le bilan en 1959.